La Lanterne d’Aristote

Lanterne d'Aristote

Gallimard, 2011, 322 pages
ISBN : 978-2-07013-344-4
ISBN ePub : 978-2-07244-277-3
ISBN PDF : 978-2-07244-278-0

Prix de l’Académie française Maurice Genevoix 2012

 

« Quand elle est sortie, vers neuf heures, Azélie m’a confié la garde du château. Alors j’ai de nouveau entendu en moi la voix qui s’était tue – voix sombre, altière –, mais je n’ai pas compris ce qu’elle disait, car au même instant le démarreur de la 4L s’étranglait, le moteur vocalisait, les pneus broyaient le gravier, traçant de leur compas un cercle dont je figurais le centre et dont le rayon, englobant la bâtisse, contournant les tilleuls, s’étira jusqu’à la grille au bout de l’allée avant de s’estomper dans le néant. »

Une comtesse charge un homme de cataloguer la bibliothèque de son château.
Cet homme traverse les nuits et les jours du domaine, franchit les apparences, lit tous les livres, même ceux qui ne sont pas écrits et dont il invente l’intrigue, à mesure qu’il découvre que les morts ne sont pas morts, ni les fantômes ceux qu’on croyait, ni les vérités celles qu’on admettait.
En fin de compte, c’est de la littérature elle-même qu’il s’agit, et à laquelle il est rendu ici le plus beau des hommages.

« J’ai lu avec délice La lanterne d’Aristote, de Thierry Laget. »
Michel Déon, de l’Académie française.
(BSCnews, 18 janvier 2012.)
« C’est un livre magnifique. Une des plus belles récompenses que m’a offertes la lecture d’obligation qui laisse souvent peu de temps à la lecture de curiosité et de flânerie. »
Jacques Réda.
(La Femelle du Requinn° 38, automne 2012.)

« Thierry Laget est l’auteur de quelques livres d’une rare qualité et notamment d’un essai sur les personnages de Stendhal. Son dernier roman, La Lanterne d’Aristote, n’a peut-être pas rencontré le lecteur qu’il méritait alors que, c’est Michel Déon qui l’affirme, nous touchons là une œuvre qui rassemble tous les dons attendus d’un roman : érudition, personnages, anecdotes, grâce et esprit. Situé dans une période de l’histoire qui, dans cet acrobatique récit, semble aussi bien du passé que du présent, cet ouvrage est de tous les temps et, aussi, de tous les milieux observés, recréés avec un exceptionnel talent. »

Jean-Loup Dabadie, Discours sur les prix littéraires, Séance publique annuelle de l’Académie française, 6 décembre 2012.

On peut télécharger et lire un extrait de La Lanterne d’Aristote, au format epub, sur le site de la librairie Gallimard.

Interview de Thierry Laget par Joseph Bialot.

Les libraires en parlent

Rentrée littéraire 2011 : Nos bonheurs !
Il serait temps qu’un public important fasse connaissance avec Thierry Laget, l’un de nos plus beaux écrivains. La lanterne d’Aristote va peut-être lui permettre de toucher ces lecteurs qui demandent qu’au style impeccable s’ajoute une foi dans la littérature et ses champs infinis. Dans ce sublime roman à la fois contemporain et inspiré, nous pénétrons dans l’auguste bibliothèque d’une comtesse désargentée qui a trouvé un amateur, riche et désœuvré, le narrateur, pour en établir le catalogue. Hors du monde et au cœur des livres, cet homme va vivre au plus près l’expérience du repli d’un monde auquel on n’échappe jamais vraiment, surtout quand il est traversé des femmes dont on s’éprend.
Librairie Mollat, Bordeaux (Mollat).

Avec profondeur et délicatesse, l’auteur nous invite à explorer les méandres de l’âme, à sublimer notre esprit de lecteur avide de curiosité.
Alain Raguet, Librairie Chapitre, Tarbes (Chapitre). 

Il vaut la peine de découvrir La lanterne d’Aristote de Thierry Laget (Gallimard) — un admirateur fervent de Stendhal et de Proust — dont le héros est chargé par une comtesse de recenser la bibliothèque de son château et qui, à la manière de ses maîtres, saisit avec bonheur chaque émotion émanant de ce château, de ses dédales, de ses personnages, confrontant le narrateur à ses ombres propres ou ses lumières. Une langue magnifique pour explorer, entre autres choses, la résonance affective des livres.
Claude Amstutz, Librairie Payot, Nyon, Suisse (La Scie rêveuse). 

« Coup de cœur des vendeurs » de la FNAC :
Du plaisir de résoudre des énigmes !
Dans la bibliothèque, les livres sont les instruments agiles d’un règlement de compte subtil, d’une mise en abyme vertigineuse sans concessions, d’un jeu de miroir corrosif.
Anne, FNAC Paris – Montparnasse (FNAC).

Thierry Laget nous offre un roman très littéraire et énigmatique pour cette rentrée littéraire. […] L’ambiance de la Lanterne d’Aristote fait ressurgir les fantômes. Dès les premières pages, Azélie et le narrateur descendent dans les souterrains du château. L’écriture de Thierry Laget nous entraîne dans un monde invisible à l’oeil nu. C’est un roman envoûtant, un hymne à la littérature.
Elsa Simonnet, librairie Develay, Villefranche-sur-Saône (Le choix des libraires). 

Le titre du roman est une très belle métaphore de la connaissance qui peut se lire du point de vue de l’histoire en elle-même, mais également de la littérature. Une complexité qui donne tout son sel à cette œuvre et qui aboutit à un brillant roman d’investigations littéraires et psychologiques sondant l’âme des vivants et des morts.
Florian, Librairie Decitre, Saint Genis-Laval (Decitre).

Belle découverte, cette lanterne : personnages pittoresques, remarquable écriture et un dénouement mémorable.
Sarah, Librairie Eyrolles, Paris (Eyrolles).

Cette rentrée littéraire sera-t-elle enfin celle de Thierry Laget qui, plus que la plupart de ses contemporains, mériterait ce public audacieux qui croit encore que la littérature, parce qu’elle est le plus exigeant des arts, est aussi le plus grand, offrant tous les plaisirs du seul pouvoir de ses mots ? On le souhaite ardemment car il ne faut pas renoncer à croire que les écrivains qui ne sacrifient pas aux courants d’air à la mode ont une chance d’être célébrés. […] La lanterne d’Aristote est le genre de livre qui nous rendrait facilement lyrique ou bavard, et ce serait là aussi le trahir, car sans cesser de jouer avec les codes de la littérature, nous renvoyant dans tous les âges de celle-ci d’un épisode à l’autre, il accepte la principale règle du jeu : raconter. Les fantômes de Proust ou de Stendhal si chers à Laget ont beau nous frôler, ils ne s’imposent pas, ils ne diminuent pas notre plaisir à parcourir avec lui les couloirs de son château rempli de livres et de lettres, fort de cette idée qu’un roman n’a pas de fin, qu’un écrivain en prolonge un autre, qu’un livre est l’enfant de tous les autres, les plus vils comme les plus grands. Cette foi en la littérature, en son perpétuel renouvellement inspire ce roman souvent drôle, d’un style remarquable (vous savez le style, cet aspect de la littérature qui semble déserter nos rentrées…), d’un souffle continuel, entre mélancolie et optimisme. Ce serait un désastre que cette lanterne n’éclaire pas notre automne, les livres intelligents sont trop rares pour laisser croire qu’ils ont tout leur temps.
D.V., Blog de la librairie Mollat, Bordeaux (Mollat). 

Les lecteurs en parlent

Il y a quelque chose de lumineux et de jubilatoire dans ce roman de Thierry Laget, auteur que je ne connaissais pas du tout et que je découvre avec cette lanterne d’Aristote qui tient autant du bonheur littéraire (surtout) que de la morphologie de l’oursin (à peine) ! […] C’est superbement écrit (un peu exigeant, mais quel joyau !), érudit (on pense souvent, notamment, à Umberto Eco), avec des fils tendus aux classiques de la littérature (et je ne suis pas sûre d’avoir perçu toutes les références autres que celles clairement citées) et … drôle ! […] Réflexion sur la véracité / la vraisemblance dans le roman, sur l’opposition entre littérature classique des bibliophiles et romans de supermarché, jeu sur les narrateurs et la place des personnages, … un régal ! Le tout dans une intrigue qui tient la route, et assez inattendue. On se demande sans cesse où l’auteur veut en venir mais on savoure chaque phrase jusqu’à la dernière avec un sourire béat : oui, la littérature existe toujours ! […] Si vous aimez les romans faciles et jetables, passez votre chemin, sinon, ou si vous souhaitez varier justement les plaisirs, foncez !
Hélène (Les jardins d’Hélène). 

Dans un style alternant l’humour fin et la poésie, l’auteur manie avec adresse une plume d’une grande érudition, passée maître dans l’art des périphrases, des ellipses et autres circonlocutions. Car jamais la fluidité du récit n’est perdue, et c’est dans une ambiance feutrée, étrange, que l’auteur nous fait pénétrer au cœur de cette bibliothèque aux inestimables trésors, finement ouvragés, qui dorment sur les étagères. Mais pourquoi certains volumes disparaissent-ils ainsi ? Et qui donc est vraiment la Comtesse ? Je vous laisse le plaisir de découvrir tout cela dans ce roman qui, s’il mobilise de manière exigeante l’attention du lecteur, ne lui en procure pas moins un plaisir d’une grande délicatesse.
Bluedot (Libfly.com).

C’est un vrai coup de cœur, un petit bijou, une perle rare.
Et en plus elle lit !

Se peut-il que l’on écrive aujourd’hui encore, un roman dans une langue aussi travaillée ? Avec des phrases souples, alanguies, toujours belles, parfois interminables mais formidablement musicales et qu’on se surprend à relire tellement leur construction s’appuie sur l’intelligence des mots qui rebondissent l’un sur l’autre et nous emmènent loin, parfois très loin. Au cœur des êtres, au cœur des choses. Des mots qui brillent de tous leurs feux dans leur confrontation à d’autres mots. Avec une hardiesse qui n’est pas sans surprendre mais qui toujours émeut.
Dominique M., Les Passeurs de mots, (Majolire.fr).

Voici un livre noyé dans le flot de la rentrée littéraire. Sorti malencontreusement au plus fort de la tourmente, il n’a pas été soutenu par son éditeur comme d’autres titres dont on nous a rebattu les oreilles et qui n’en valaient pas forcément la peine. Thierry Laget, qui a écrit plus d’une dizaine d’ouvrages gagnerait à être mieux traité car son public est là, qui l’attend. Son public ? Les écœurés de l’autofiction, les fatigués du bon sentiment, les amoureux du vocabulaire et les nostalgiques du Roman.
Yspaddaden, Le Blog d’Yspaddaden.

La presse en parle

Cette galerie de portraits est l’écho enchanteur et mélancolique de la galerie de portraits des ancêtres d’Azélie qui traverse son château, les personnages morts sont aussi vivants que les vivants tandis que ceux-ci sont peut-être déjà morts, mais tous sont conviés à une fête qui ressemble à La Règle du jeu de Renoir et à « La fête chez Thérèse » de Hugo, fête qui est le roman lui-même et dont le lecteur — le principal invité — voudrait qu’elle n’eût pas de fin.
Philippe Rolland,
Le Magazine littéraire, septembre 2011.

Ce texte de Thierry Laget, une fois ouvert, ne se lâche pas, tellement il est réussi en son genre. La question intéressante, c’est qu’on serait bien en peine de préciser de quel genre il s’agit exactement. Roman, certes. Mais chacun sait que voilà un problème plus qu’une solution. […] On a donc compris que la trame de ce livre, son sujet, sa texture, c’est la littérature, non les faits. Sa grandeur est donc tout entière dans le style, somptueusement tenu, précieux et simple à la fois, candidement alambiqué, continûment sur le fil : irritant, mais on reste. […] Familier de Stendhal, de Proust et de quelques autres, Thierry Laget se révèle ici en pleine possession d’un style où il serait aisé de montrer qu’il y a plus d’Antiquité vivante que dans quelques rayons de prétendues reconstitutions.
Roger-Pol Droit,
Le Monde des livres, 2 septembre 2011.

Avec La Lanterne d’Aristote, l’auteur nous propose le roman le plus original, le plus énigmatique et le plus intimement littéraire de la rentrée. […] Par habitude, par facilité, la critique littéraire, quand elle s’avise de parler d’un livre, aime à utiliser la comparaison. On fait des rapprochements avec les voisins. Ceux du même étage, ceux d’en dessus, d’en dessous. Au même étage, c’est-à-dire au sein de la rentrée littéraire 2011, La Lanterne d’Aristote ne souffre aucune parenté. Le roman est d’une singularité éclatante. […] Ce qui soutient cette phrase, c’est un rythme maîtrisé, impeccable, un mouvement ample et musical, tout en échos, cheminant avec majesté vers la clausule ferme ou rêveuse.
Jean-Marie Planes,
Sud-Ouest, 25 septembre 2011.

Tout en détours labyrinthiques et dynamique ondoyante, l’écriture déploie ses fastes et ses masques pour dire le caractère vital de l’imaginaire et rappeler que l’important, dans le roman, n’est pas le vrai mais l’émotion du lecteur. Variations d’intensité, jeu d’échos, entrelacs serré d’interactions entre effets de réel et distanciation sont là pour nous suggérer combien le romancier est un montreur d’ombres, un nécromant, un illusionniste à qui l’on ne demande pas d’être sincère mais d’émerveiller.
Richard Blin,
Le Matricule des Angesoctobre 2011.

Ce livre, rare, vaut d’être ouvert et lu ligne à ligne, parce que les bonheurs qu’il recèle, taillés comme des pierres semées dans le grand naufrage hétéroclite, matière de notre temps, sont articulés à une construction rigoureuse. […] Borgésien, proustien, Saint-simonien et simenonien à la fois, Thierry Laget est cette araignée qui nous emprisonne entre ses pages, pour notre joie coupable.
Nathalie Georges,
Lacan Quotidien n° 113, 12 décembre 2011.

Mais on retient avant tout cette délicieuse plongée dans le monde des livres, dans l’univers d’une certaine littérature par opposition avec le roman contemporain et ses dérives : « Aujourd’hui, le roman, c’est une machine fabriquer du sens et du lien, c’est tout le monde, c’est n’importe qui, et c’est d’abord une jolie marchande des quatre saisons qui raconte la vie de ses clients. » La Lanterne d’Aristote est tout le contraire de cette remarque acerbe du narrateur et c’est pour cela qu’on s’engouffre volontiers dans l’univers qu’il dépeint, que l’on s’attache aux personnages si proches et si différents de ceux que l’on côtoie d’ordinaire : des personnages de roman, c’est-à-dire plus vrais qu’en réalité. C’est aussi la raison pour laquelle on ne se lasse pas des réflexions, des descriptions qui constituent l’ossature de ce livre exceptionnel.
Max Alhau,
Phœnix, n° 5, janvier 2012.