Roman écrit à la main

 

Roman écrit à la main

 

Gallimard, 2000, 148 pages
ISBN : 978-2-07-075613-1

« Hélène et mon enfant gisaient depuis cinq ans au cimetière de Tours ; je rentrais d’un nouvel hiver passé avec mes Bons Sauvages et conservais, pliée en quatre dans mon portefeuille, une page arrachée à un livre dont j’ignorais le titre et l’auteur. Ce jour-là, une femme vint à moi. Elle dit qu’elle connaissait mon passé, mon avenir, que, si je le souhaitais, elle m’en délivrerait. Je l’écoutais : depuis la mort d’Hélène, je n’avais pas songé que je puisse avoir un avenir. Elle ajouta, comme dans ces contes où le diable, déguisé en bourgeois, attend les manants à la porte des villes, que je devrais, pour cela, lui offrir une âme. Une âme — en avais-je une encore à moi ? À présent, je m’acquitte ; j’ai signé le pacte. »

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Il y aurait bien des pistes à suivre dans ce roman mystérieux et beau, tracées (ou brouillées) par un écrivain à la fois romantique et ironiste, juvénile et rusé. […] Je n’ai presque pas indiqué le sujet du livre. On pourrait dire que c’est l’amour et la mort, s’il n’était pas tout à fait idiot de croire qu’un roman a un sujet.
François Taillandier,
Le Figaro, 9 mars 2000.

Nectar savant d’irrévérence et de magie, de poésie et de fiction, ce Roman écrit à la main amuse et épate, inquiète et fascine tout en revisitant à sa façon l’infinie liberté qu’offrent les marges et l’aventure d’écrire. […] Véritable plaidoyer pour le livre et la fiction, ce Roman écrit à la main est un portrait du narrateur en montreur d’ombres et en sorcier, tout autant qu’une magistrale invite à redescendre au plus archaïque de l’expérience magique, là où la violence des émotions rejoint, parmi la rosée des origines et l’évidence obscure, la nudité comblante de ces moments où, soudain, connaître se révèle n’être rien d’autre que l’anagramme du verbe aimer.
Richard Blin,
Le Mensuel littéraire et poétique, Bruxelles, mars 2000.

La force de ce livre, c’est son goût du décalage, où se découvrent, sous un classicisme feint, un esprit baroque de dérision et l’ivresse des échappatoires. Écrire à la main, comme un effort de sincérité et de concision biographique radicale : avec une économie rigoureuse, celle de la manipulation tragi-comique d’un destin aux visages presque identiques, Thierry Laget développe la justesse musicale de son écriture. La voix singulière d’une ironie qui toise la mort, en écrivant comment on repart… en désirant l’exil.
T. Bonaventure,
Chronic’art, Janvier 2000.