Supplément aux mensonges d’Hilda

Hilda

 

 

Hilda ? — Oui, menteuse, un peu voleuse aussi, et puis un rare culot. Mais celui de l’innocence qui désarme d’un sourire unique. Arrivant de quelque république dite « bananière », elle débarque à Paris où Noël, bon type, est venu l’accueillir de la part d’une amie commune. Mais elle s’installe chez lui, et ça commence. Les mensonges, d’abord : est-elle vraiment venue en France par amour pour notre démocratie et passion pour François Mitterrand ? Ou simplement pour fuir un mari jaloux qui l’opprime comme tout ce qui dépend d’un chef redouté de la police ? Ou encore parce qu’elle lui préfère un boxeur dont les héroïques défaites ont établi la réputation ? Enfin, est-elle vraiment médecin ? Voleuse : on verra comment et pourquoi (un peu par force). Culottée : même Mitterrand ne lui échappera pas. La suite, on ne tardera pas à la connaître, car cette histoire marche au galop. Et il faut croire que l’auteur lui-même a succombé au charme de son personnage pour en tirer ce feu d’artifice de virtuosité et de drôlerie souvent décapante. Sans mentir.

Sur fond de peinture des années Mitterrand, et s’inscrivant au cœur d’échos qui semblent venus de l’Histoire du chevalier des Grieux et de Manon Lescaut, des Liaisons dangereuses ou encore de Roméo et Juliette, voici un roman plein d’inventivité et de drôlerie, multipliant les points de vue, jouant, et se jouant, des alliances toujours troubles entre réel et fictif. Du choc des altérités et des inévitables courts-circuits entre rêve et réalité, il fait la matière première de quarante chapitres endiablés.
Utilisant toute la plasticité du genre romanesque, usant avec ironie d’un sens subtil du recyclage, mélangeant les styles et se moquant de toutes les orthodoxies, Thierry Laget s’en donne à cœur joie.
Richard Blin,
Le Matricule des Anges, 15 mai 2003.

Ce texte qui, par plus d’un aspect, s’apparente à une recherche, est aussi une belle histoire d’amour. On y trouve des émotions, une sensibilité qui affleure à chaque phrase, et cette scintillante tristesse propre à Thierry Laget, à son monde de fantômes, élégants et fragiles. […] « Suave, fraîche et parfumée », Hilda nous laisse le goût du mystère et de l’amour fatal dans ce roman de virtuose, où chacun doute de sa propre réalité et où le songe l’emporte, qui rime bien sûr avec mensonge.
Dominique Bona,
Le Figaro, 3 avril 2003.