La Fiancée italienne

 

Fiancée

Gallimard, « L’un et l’autre », 1997, 140 pages
ISBN : 978-2-07-074871-6

Quelques photos, de beaux portraits, vingt lettres, une maison livrée aux ronces et aux pillards, voilà, avant qu’elles ne s’effacent, les dernières traces d’Alaïde Banti. Comme, avec de la terre, on modèle un visage, autour de ces signes — autour de rien —, empruntant les couleurs des peintres qui l’aimèrent en cette Italie ardente de 1860, on voit que souvent l’ombre éblouit mieux qu’un soleil. C’était la leçon de son temps. Elle signait parfois « Ala » — l’aile —, ce battement, cette caresse que l’on sent toujours près de soi quand l’oiseau a regagné le ciel et que, dans son envol, une plume tombe à nos pieds.
Elle n’est rien, qu’un modèle, et pour ceux qui la connurent — son père, son fiancé — ne fut pas plus. Je n’ai pas davantage choisi de la peindre. C’est elle qui s’assied devant moi et dit : « Fais mon portrait. » Mais avec quelle ingénuité elle s’impose au regard — c’est à croire que partout autour d’elle l’air résonne de grands miroirs.

Biographie d’Alaïde Banti (1855-1929), amie et modèle des peintres Macchiaioli. Elle aurait pu prétendre aux meilleurs partis de Florence : elle préféra un artiste alors obscur, Boldini, qui se rétracta à la veille de leurs noces.

C’est un livre tout en suggestion délicate, qui ne cherche pas à nous en mettre plein la vue, très fin et élégant, bref, un roman stendhalien.
Jean-Marie Rouart,
Voici, 12 janvier 1998.

C’est sans doute le livre le plus secret de l’automne, celui dont on aura le moins parlé à propos des prix littéraires et qu’on chercherait en vain sur les listes des meilleures ventes. Mais c’est aussi, caché sous sa couverture bleu de nuit, l’un des plus beaux. Aucune définition, trop restrictive, trop maladroite, ne peut emprisonner ce texte, d’une conception originale et d’une totale liberté d’allure. Délicat, aérien, presque impalpable, ce livre est un trésor, qui vibre d’une émotion sans relâche. Rien de figé, rien de lourd n’entrave jamais la lecture, qui est d’un plaisir constant.
Dominique Bona, « Le Livre de la semaine»,
Le Figaro, 11 décembre 1997.

C’est un livre qui touche énormément, d’abord, il faut dire, par sa qualité d’écriture, qui est extrême, la qualité stylistique que je trouve très grande, et puis par sa modestie aussi. C’est un livre qui ne prétend pas être plus qu’il n’est. C’est un livre qui se tient dans ses limites, mais qui reconstitue ses personnages, le rapport d’un modèle et de son peintre.
« Le Panorama » de France Culture,
11 novembre 1997.

Une passionnante recherche sur Alaïde Banti, modèle unique parmi les modèles des grands peintres italiens de la fin du XIXe siècle. […] Thierry Laget s’y attache avec le même bonheur et la même passion qu’il décrit Florence. Et ce n’est pas peu dire. Il ira jusqu’à se faire ouvrir les plus secrètes archives, déchiffrera les feuilles collées par la vase d’une grande crue de l’Arno et décortiquera chacun des portraits que le grand Boldini — son éternel fiancé — peignait d’elle chaque année ! […] Encore une belle balade, entre le présent et le passé florentin.
Jean-Claude Delaygues,
La Montagne, 30 novembre 1997.