Gallimard, 2006, 128 pages
ISBN : 978-2-07-077593-4
(Traduction polonaise : Muza, 2008)
« Diane et Jean-Philippe Deloblat venaient d’arriver à Louvières. Ils avaient acheté une meulière au bord des étangs et inscrit les garçons au judo. D’abord, il n’y eut que du soleil — mais du soleil doux, libéré, capiteux. Dans les arbres du parc, les oiseaux gazouillaient dès le lever du jour en s’accoudant au garde-fou des nids. Les enfants combattaient en riant sur le tatami d’un gazon moelleux, enchaînaient les ashi waza sous le regard des écureuils qui s’efforçaient de les imiter, cabriolant de branche en branche. Les parterres embaumaient et, le soir, en fermant les volets, on était en Provence. Entre les ginkgos, la lune scintillait sur les étangs, il suffisait de tendre un peu la main pour la plonger dans de l’argent. »
D’Iris à Hilda la menteuse, en passant par Florence (qui est une ville, mais féminine), Thierry Laget a déjà constitué une singulière galerie de dames, auxquelles vient s’ajouter ici une Hortense fascinante d’impersonnalité. Elle en devient exemplaire – la déléguée, au congrès des grandes héroïnes romanesques, de celles qui n’ont rien à dire et à qui rien n’arrive, parce qu’elles pensent peu, n’éprouvent pas grand-chose et, au fond, ne s’intéressent à rien –, si pleinement inconsistante qu’on ne l’oubliera jamais.
C’est un long portrait ironique. La cruauté vient à pas de loup. Funambule, jamais Thierry Laget ne perd l’équilibre si difficile à tenir sur le fil qui sépare le banal de l’universel. […] Son ironie n’est pas mordante, elle est observatrice. C’est pire car c’est juste, vu, entendu. L’écriture et la langue sont précises comme l’œil.
Alice Ferney
Le Figaro littéraire, 9 mars 2006.
Sans états d’âme, l’auteur casse ses femmes de catalogue et leurs époux à cervelle d’ordinateur. Il les croque avec une tendresse de cannibale. C’est glacé, hilarant, caméléonesque.
Nadine Sautel
Le Magazine littéraire, février 2006.